« Ce que vous gardez, vous commencez à le perdre.
Ce que vous perdez, vous commencez à le garder.
Ce que vous donnez, vous le gardez toujours » 1
Encore un sujet d’agacement : l’Eglise me sollicite en permanence : encore un nouvel appel à mon porte-monnaie …
►Et si nous nous posions un peu pour en parler, nous expliquer, définir le sens, ou plutôt donner du sens à cet appel à la générosité des fidèles, et par conséquent au don et au partage ?
►Commençons par le petit lexique pour éclairer le vocabulaire :
- Quête dite « impérée » : impérée parce qu’impérative pour répondre à des causes spécifiques. Elle est faite dans un esprit de solidarité et d’ouverture. L’exemple du jour : « le Denier de Saint-Pierre » : c’est la contribution des catholiques aux finances du Vatican pour le fonctionnement de l’Eglise universelle. Cette année, la quête aura lieu aux messes dominicales des 12 et 13 juin.
- Quête prescrite : à chaque office, et plus particulièrement aux messes du dimanche. Elle est affectée aux ressources de la paroisse.
- Offrande de messe : don que font les paroissiens lorsqu’une messe est célébrée pour une intention particulière.
Mais, au-delà du lexique qui n’est sans doute pas le cœur du sujet, n’est-ce pas l’occasion de prendre un moment pour réfléchir à notre propre attitude vis-à-vis du don ?
►Est-ce que j’ai conscience de donner quelque chose que je possède et dont je me dessaisis, ou bien est-ce que je partage quelque chose que je ne possède pas mais qui m’est confié comme une ressource à usage personnel mais pas exclusif ?
►Le don gratuit existe-t-il ? : « gratuit de chez gratuit », donc sans contrepartie, sans arrière pensée, sans gratification personnelle de reconnaissance, sans déductibilité fiscale à l’appui… ? Comment donner sans retour ? comme le développe le père Pascal Ide dans son ouvrage de référence sur le sujet.2
►Et pourquoi ne pas méditer à nouveau quelques citations bibliques que nous connaissons peut-être par cœur ou que nous avons déjà rencontrées : sont-elles des paroles vides de sens et sans rapport avec la réalité concrète dans notre vie ? : « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Ac 20, 35) ; « Ne diffère pas d’offrir de ton abondance et de ton surplus » (Ex 22, 28) ; « Mais toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, afin que ton aumône reste dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra » (Mt 6, 3-4).
En conclusion, quand j’entends un appel pour une quête impérée, serai-je désormais ouvert à la sollicitation, sans révolte ni calcul avec le sourire aux lèvres et le cœur ouvert pour accueillir avec attention la cause qui est la raison de cette nouvelle demande ?
Didier Hugon, membre de l’Equipe d’Animation Paroissiale
1Jehan Alain, Litanies
2Chapitre 15_§5_page 202 : Pascal Ide, « Eh bien dites : Don – Petit éloge du don », Ed. de l’Emmanuel, 1997.