LA PATIENCE

Nous sommes actuellement dans l’attente de l’élection du prochain Pape ; sur le site du Saint Siège nous voyons un logo inhabituel : les clés de Saint Pierre surmontées du pavillon basilicale avec l’inscription : Vacance du Siège Apostolique. C’est le temps de l’attente et le temps de pratiquer la vertu de la patience.

De manière étonnante, le pape François nous avait préparé à cette attente dans la patience avec sa lettre qui préparait le jubilé de l’Espérance :

« Cela conduit à développer une vertu étroitement liée à l’espérance : la patience. Dans un monde où la précipitation est devenue une constante, […] à l’ère d’internet où l’espace et le temps sont dominés par le “ici et maintenant”, la patience n’est pas la bienvenue. Si nous étions encore capables de regarder la création avec émerveillement, nous pourrions comprendre à quel point la patience est décisive. Attendre l’alternance des saisons avec leurs fruits ; observer la vie des animaux et les cycles de leur développement ; avoir le regard simple de saint François qui […], percevait la création comme une grande famille et appelait le soleil “frère” et la lune “sœur”. Redécouvrir la patience fait beaucoup de bien à soi-même et aux autres. Saint Paul recourt souvent à la patience pour souligner l’importance de la persévérance et de la confiance en ce que Dieu nous a promis, mais il témoigne avant tout que Dieu est patient avec nous, Lui qui est « le Dieu de la persévérance et du réconfort » (Rm 15, 5). La patience, qui est aussi le fruit de l’Esprit Saint, maintient vivante l’espérance et la consolide en tant que vertu et style de vie. Apprenons donc à souvent demander la grâce de la patience qui est fille de l’espérance et en même temps la soutient. » (Pape François, Spes non confundit n°4).

Nous avons ainsi une occasion providentielle de vivre la joie de l’espérance en accueillant la patience, qui nous bonifie et nous fait grandir en sagesse. Cette attente patiente nous fait entrer dans la prière pleine d’espérance : loin des projections hasardeuses du monde médiatique, nous savons que le Seigneur conduit son Eglise et nous donnera, par le collège des cardinaux, le pasteur qui accompagnera le chemin de l’Eglise vers la patrie du Ciel. Ce détachement paisible était une des grandes qualités spirituelles du pape François, venue en droite ligne du principe d’indifférence spirituel des exercices de Saint Ignace. Cette indifférence spirituelle permet la liberté intérieure et chasse la peur. En 2016, à un journaliste français, le Pape François disait, avec un peu de malice : « A moi, rien ne me fait peur. C’est peut-être de l’inconscience ou de l’immaturité ! ».

Dans l’attente du prochain pape : « N’ayons pas peur ! »

Père Gaël Bénéat +