Salut, ô Croix, notre unique espérance

C’est une citation d’une hymne latine très célèbre  : le Vexila regis, que l’Église chante pour le dimanche des Rameaux et pour la fête de la croix glorieuse. Associer l’espérance et la croix est un des paradoxes, dont la foi chrétienne est coutumière ; une folie qui révèle la Sagesse de Dieu. La croix est d’abord une méthode d’exécution capitale, inventée par les romains pour frapper d’effroi ceux qui découvrent ce gibet macabre. Dans cette exécution, le corps du supplicié est montré pour accroître l’épouvante. Cette pratique faisait tellement horreur aux juifs, qu’ils demandaient que les corps des suppliciés soient descendus le plus rapidement possible pour être enterrés. C’est bien le corps sur la croix qui est l’objet de répulsion.

Pour les chrétiens, le corps qui est présenté sur la croix n’est pas n’importe quel corps mais celui du Messie, le corps de Jésus. La croix devient ainsi encore plus scandaleuse. C’est un blasphème que de représenter ainsi le corps du Fils de Dieu, martyrisé et ridiculisé : comment admettre que le crucifix puisse être une représentation acceptable pour les chrétiens. Mais c’est en regardant vers la croix que nous sommes sauvés, c’est en contemplant les blessures du crucifié que nous sommes guéris.

Ce n’est pas nous qui avons décidé de faire de la croix notre signe d’espérance, mais Jésus qui l’a choisie pour nous faire entrer dans le salut. Et c’est pour cela que malgré la violence de cette exécution, notre regard chemine vers l’espérance, car ce corps n’est pas destiné à la dégradation dans la terre, mais à la résurrection glorieuse dans les cieux. C’est en acceptant d’entrer par le regard de la foi que nous pouvons renoncer à nos propres compréhensions pour entrer dans la contemplation du mystère.

La croix nous dépouille de nos égoïsmes et nous plonge dans la révélation de l’amour sans mesure de Dieu, elle nous guérit le regard pour voir au-delà de ce que la chair nous montre et être saisis par la révélation de la vie dans l’Esprit. Nous renaissons à une vie nouvelle et immortelle, en passant par le mystère de la croix. La croix devient ainsi glorieuse ; elle cesse d’être un obstacle sur lequel on bute pour devenir une porte vers le ciel et nous révèle une espérance au-delà de toute espérance.

La croix, signe de désespoir, est devenue signe d’espérance, car elle est devenue le signe de la victoire de la vie sur la mort.

Père Gaël Bénéat+