DONNER, ENCORE AUJOURD’HUI

Il convient de dire un dernier mot sur l’aumône, qui n’a pas bonne réputation aujourd’hui, souvent même parmi les croyants. Non seulement elle est rarement pratiquée, mais elle est parfois même méprisée. Je répète d’une part que l’aide la plus importante à une personne pauvre consiste à l’aider à trouver un bon travail, afin qu’elle puisse gagner sa vie de manière plus conforme à sa dignité en développant ses capacités et en offrant ses efforts personnels. Le fait est que « le manque de travail c’est beaucoup plus que le manque d’une source de revenus pour vivre. Le travail c’est aussi cela, mais il représente beaucoup, beaucoup plus. En travaillant, nous devenons davantage des personnes, notre humanité fleurit, les jeunes ne deviennent adultes qu’en travaillant. La Doctrine sociale de l’Église a toujours considéré le travail humain comme une participation à la création qui continue chaque jour, également grâce aux mains, à l’esprit et au cœur des travailleurs ». (Pape François) D’autre part, si cette possibilité concrète n’existe pas encore, nous ne devons pas courir le risque de laisser une personne abandonnée à son sort, sans ce qui est indispensable pour vivre dignement. Et donc, l’aumône reste, entre-temps, un moment nécessaire de contact, de rencontre et d’identification à la condition d’autrui.

Il est évident, pour ceux qui aiment vraiment, que l’aumône ne dégage pas les autorités compétentes de leurs responsabilités, ni n’élimine l’engagement organisationnel des institutions, ni ne remplace la lutte légitime pour la justice. Mais elle invite au moins à s’arrêter et à regarder la personne pauvre en face, à la toucher et à partager avec elle quelque chose de soi-même. En tout état de cause, l’aumône, même modeste, apporte un peu de pietas dans une vie sociale où chacun court après son intérêt personnel. Le Livre des Proverbes dit : « L’homme bienveillant sera béni, car il donne de son pain au pauvre » (Pr 22, 9).

[…] L’amour et les convictions les plus profondes doivent être nourris, et cela se fait par des gestes. Rester dans le monde des idées et des discussions, sans gestes personnels, fréquents et sincères, sera la ruine de nos rêves les plus précieux. Pour cette simple raison, en tant que chrétiens, ne renonçons pas à l’aumône. Un geste qui peut être fait de différentes manières, et que nous pouvons essayer de faire de la manière la plus efficace possible, mais nous devons le faire. Et il vaudra toujours mieux faire quelque chose que ne rien faire. Dans tous les cas, cela touchera notre cœur. Ce ne sera pas la solution à la pauvreté dans le monde, qui doit être recherchée avec intelligence, lutte et engagement social. Mais nous avons besoin de nous exercer à l’aumône pour toucher la chair souffrante des pauvres.

Pape Léon XIV exhortation apostolique Dilexit te n°115…119, 4 octobre 2025