La finalité de la célébration de la messe est de nourrir le saint peuple de Dieu. Sauf dans le cas où l’on se trouve en profonde contradiction avec les commandements de notre Seigneur Jésus-Christ et de son Eglise, ou si l’on n’a pas été préparé à la communion, à part ces deux cas, la participation à la messe dominicale ouvre à la joie de manger le pain de vie.
On pourrait penser qu’une fonction aussi ancienne que la manducation ne poserait pas de problème, et pourtant… Comme prêtre, il m’arrive d’être très surpris que ce simple geste de manger est plus compliqué qu’il n’y paraît pour certains chrétiens.
Après avoir reçu l’eucharistie, des baptisés sentent soudain l’étonnante envie de faire tout à fait autre chose que de manger. La plupart du temps c’est de revenir à sa place, et au cours de ce trajet de se rappeler qu’il faut bien faire quelque chose de ce morceau de pain qui a été reçus et finir par le manger. D’autres pensent que c’est le bon moment pour faire des dévotions : soit en élevant l’hostie vers le ciel, soit en se signant avec l’hostie, ou plus simplement en cherchant un endroit isolé, sur le côté du chœur, devant une statue, pour communier. Le Seigneur Jésus est patient et miséricordieux, et il en a vue d’autre ; mais c’est étonnant cette difficulté pour certains de simplement recevoir l’hostie et de la manger, sans autre complication.
Peut-être qu’une des difficultés vient de ne plus savoir recevoir. Nous sommes tellement habitués à prendre, à capter, que le simple geste d’accueillir dans la confiance est peut-être devenu difficile. Il nous faut revenir à la spontanéité des bébés qui ouvrent la bouche pour recevoir la cuillère que leur tend leur parent ou à la gravité et l’application de certains jeunes enfants à qui l’on confient un service, dans cet âge où les gestes des activités quotidiennes sont des missions importantes parce qu’elles ont été confiées par papa ou maman.
Si les enfants accueillent et reçoivent dans une telle confiance, c’est qu’ils ressentent l’amour des parents pour eux. L’attitude première pour bien recevoir l’eucharistie et la manger, c’est de se préparer en adorant le Seigneur. Je ne peux que recommander d’apprendre à adorer pour pouvoir manger avec bon cœur le pain du Seigneur. Il y a plusieurs façons de cultiver cet esprit d’adoration : on peut rejoindre le groupe des adorateurs du groupement paroissial, on peut également prendre quelques instants pour faire une visite au tabernacle, on peut, au moment de l’élévation, se dire intérieurement en regardant l’hostie et le calice : « Mon Seigneur, et mon Dieu. » … Ce ne sont que des propositions, mais je pense que plus je cultive une attitude d’adoration, plus mon désir de recevoir le Seigneur et de communier à sa chair grandit et me mets dans les dispositions intérieures pour vivre pleinement le geste de la communion.
Père Gaël BÉNÉAT+
« Que personne ne mange cette chair sans d’abord l’adorer ; nous pécherions si nous ne l’adorions pas. » (St Augustin, Enarrationes in Psalmos, 98, 9)