« La condition des pauvres est un cri » qui, dans l’histoire de l’humanité, interpelle constamment notre vie, nos sociétés, nos systèmes politiques et économiques et, enfin et surtout, l’Église. Sur le visage meurtri des pauvres, nous voyons imprimée la souffrance des innocents et, par conséquent, la souffrance même du Christ. En même temps, il serait peut-être plus correct de parler des nombreux visages des pauvres et de la pauvreté, car il s’agit d’un phénomène diversifié. Il existe en effet de nombreuses formes de pauvreté : celle de ceux qui n’ont pas les moyens de subvenir à leurs besoins matériels, la pauvreté de ceux qui sont socialement marginalisés et n’ont pas les moyens d’exprimer leur dignité et leurs potentialités, la pauvreté morale et spirituelle, la pauvreté culturelle, celle de ceux qui se trouvent dans une situation de faiblesse ou de fragilité personnelle ou sociale, la pauvreté de ceux qui n’ont pas de droits, pas de place, pas de liberté.
En ce sens, on peut dire que l’engagement en faveur des pauvres et pour l’élimination des causes sociales et structurelles de la pauvreté, bien qu’il ait pris de l’importance au cours des dernières décennies, reste toujours insuffisant. Cela est aussi dû au fait que les sociétés dans lesquelles nous vivons privilégient souvent des critères d’orientation de l’existence et de la politique marqués par de nombreuses inégalités. Par conséquent, aux vieilles pauvretés dont nous avons pris conscience et que nous essayons de combattre, s’ajoutent de nouvelles, parfois plus subtiles et plus dangereuses. De ce point de vue, il faut se féliciter que les Nations Unies aient fait de la lutte contre la pauvreté l’un des objectifs du Millénaire.
[…] Nous ne devons pas baisser la garde face à la pauvreté. Nous sommes particulièrement préoccupés par les conditions difficiles dans lesquelles vivent nombre de personnes en raison d’un manque de nourriture et d’eau. Chaque jour, plusieurs milliers de personnes meurent de causes liées à la malnutrition. Dans les pays riches également, les chiffres relatifs à la pauvreté ne sont pas moins préoccupants. En Europe, de plus en plus de familles ont du mal à joindre les deux bouts. On constate de manière générale une augmentation des différentes manifestations de la pauvreté. Celle-ci ne se présente plus comme une condition unique et homogène, mais se décline sous de multiples formes d’appauvrissement économique et social, reflétant un phénomène d’inégalités croissantes, même dans des contextes généralement prospères.
Pape Léon XIV Dilexi Te n°9…12
