ALLEZ !

En entrant dans l’église Sainte-Anne de l’Etang-la-Ville, vous aurez le privilège de découvrir le haut-relief récemment restauré : « La dispersion des Apôtres. »

Cette œuvre d’art est l’interprétation par un artiste de la deuxième moitié du 17ème siècle de la conclusion de l’Evangile selon Saint Matthieu :

« Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt. 28, 19-20).La sculpture nous fait vivre le moment symbolique de la séparation des Apôtres, partant chacun de leurs côtés évangéliser les confins du monde connu. La tradition de l’Eglise et des récits plus légendaires racontent que les Apôtres sont ainsi partis annoncer la joie l’Evangile dans les différentes nations. Quatre sont partis en Occident : Pierre (Rome) ; Jean (Éphèse) ; Jacques le Majeur meurt à Jérusalem mais ses reliques vont en Espagne ; Paul (Grèce et Rome). Jacques le Mineur meurt à Jérusalem. Tous les autres sont partis en Orient : André en Asie Mineure et Crimée ; Philippe au Pont-Euxin ; Barthélémy en Arménie ; Jude-Thaddée en Babylonie ; Thomas en Inde et en Chine ; Matthieu en Haute Égypte, Simon le Zélote en Mauritanie et en Arabie ; Matthias en Ethiopie.

Les Apôtres savent qu’ils ne se reverront pas : nous assistons à leurs adieux. L’artiste veut nous faire ressentir le moment de cette séparation. L’un, à genoux, prie, confiant son voyage à Dieu. Au-dessus de lui un autre, ému, essuie une larme sur sa joue, en commençant à quitter le groupe. Au centre, un Apôtre embrasse Saint Jean, échangeant, une dernière fois, des paroles qui touchent au cœur. A côté, entourant saint Jacques, en habit de pèlerin de Compostelle, un groupe d’Apôtres semble organiser leur voyage. Leurs visages expriment leur résolution et le sérieux de leur préparation. L’Apôtre le plus à droite du groupe a le regard tourné vers son objectif. Dans le fond, un Apôtre est déjà en route : la mission est commencée !

Enfin au-dessus, les surplombant, Pierre et André se serrent la main en signe d’adieu. Les deux frères ne se reverront pas. André se désigne du doigt : il a accepté la mission que Jésus lui a donnée. Pierre désigne le ciel : c’est d’abord le Seigneur Jésus qui est à l’œuvre dans la mission.

Les Apôtres vont ainsi se séparer et savent que c’est dans la douleur et la persécution qu’ils vont annoncer l’Évangile et baptiser les enfants des nations. Pourquoi, dès lors, accepter la mission que Jésus vient de leur annoncer ?

La joie de faire naître à la vie divine, par le baptême, tant d’hommes et de femmes, est plus grande que la crainte des épreuves. Comme avec les douleurs de l’enfantement, la naissance à la vie avec le Christ se fait dans la peine. Mais cette peine se change en joie quand les évangélisateurs voient les fruits de l’Esprit Saint croître dans le cœur des nouveaux baptisés. À cause de cela l’Église, comme une mère, enfante inlassablement de nouveaux enfants dans les eaux du baptême, pour qu’ils puissent prier Dieu en disant Notre Père.

Père Gaël Bénéat+