« La persévérance produit la vertu éprouvée ; la vertu éprouvée produit l’espérance » (Rm 5, 4)

Nous sommes toujours dans l’année jubilaire de l’espérance, mais nous sommes aussi entrés dans le Carême ; comment allons-nous vivre l’espérance dans l’entrainement du Carême ?

La réponse est dans la lettre de Saint Paul aux Romains que le pape François nous a donné comme point d’appui pour cette année jubilaire. Nous allons vivre, pendant ce Carême, de la persévérance.

Dans son œuvre la plus célèbre, Saint Thomas d’Aquin écrit que la persévérance « consiste en ce que l’on ne s’éloigne pas du bien, quoi qu’on ait à supporter longuement difficultés et labeurs. » (Somme Théologique IIa IIae Q 138 Article 1). On comprend que cette vertu soit la plus adaptée pour le Carême puisqu’elle nous pousse à durer dans l’épreuve du désert et ne pas arrêter notre marche vers la terre promise. Persévérer contient en germe une promesse de vie éternelle, c’est ce que l’on peut lire dans la lettre de Saint Jacques : « Heureux l’homme qui supporte l’épreuve avec persévérance, car, sa valeur une fois vérifiée, il recevra la couronne de la vie promise à ceux qui aiment Dieu. » (Jc. 1, 12), ou encore sous la plume de Saint Matthieu : « celui qui aura persévéré jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé » (Mt. 24, 13).

La persévérance fait croître en nous l’espérance du salut qui est la boussole de notre vie sur la terre. Nous apprendrons durant ce Carême à persévérer dans la prière, le jeûne et la charité. Sans perdre de vue la lumière de Pâques, que nous voyons déjà resplendir sur le visage transfiguré de Jésus, nous ne craignons pas de travailler patiemment aux œuvres de justice et de miséricorde, sans rechercher la satisfaction immédiate. Mais comme toute œuvre bonne, la persévérance doit garder la juste mesure. La vertu de persévérance, comme toutes les vertus humaines, est pétrie de la sagesse.

Ce que note, avec un peu d’humour, Saint Thomas d’Aquin quand il écrit sur les défauts qui peuvent gâter la persévérance : la mollesse et l’entêtement. L’entêté « s’obstine plus qu’il ne faut ; le mou, moins qu’il ne faut ; le persévérant, autant qu’il faut. Il est donc clair qu’on loue la persévérance, située au juste milieu ; on blâme l’entêté parce qu’il le dépasse, et le mou parce qu’il n’y atteint pas. »

C’est pourquoi notre persévérance, pour produire l’espérance, doit garder son objectif : la résurrection de Jésus, espérance de notre Carême. C’est le terme que nous visons, la lumière de notre route. Il est bon que l’Evangile de ce Dimanche nous donne ainsi ce point de mire vers lequel tend notre vie et que le Père nous révèle :

« Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! »

Père Gaël Bénéat+